Histoire

Au début des années 80, les solutions proposées par toutes les institutions pour lutter contre le phénomène des enfants et des jeunes de la rue revenaient toujours à construire d’abord des centre d’accueil de jour qui se transformaient en centre d’accueil de nuit avec une forte augmentation des coûts de gestion de telles ensembles pour de médiocres résultats : les enfants de la rue préféraient rester dans la rue que de rentrer chez eux.

Des animateurs africains ont interpellé les bailleurs de fonds quant aux méthodes utilisées jusque-là pour résoudre ce problème. En 1985, des bailleurs de fonds, sous l’égide de l’Unicef, ont réuni les animateurs africains dans un forum organisé à Grand Bassam (Côte d’Ivoire). Ce premier grand forum inter-africain réunira 75 participants en provenance de 14 pays pour réfléchir sur le thème des « jeunes de la rue ».  Les conclusions de ce forum étaient, notamment, qu’il fallait mettre en place une alternative africaine à l’approche institutionnelle privilégiée pour la prise en charge des « enfants des rues »,

Suite aux conclusions de ce Forum, Enda Tiers-Monde sera mandaté par les participants pour initier une méthodologie plus appropriée aux réalités et aux cultures africaines. C’est ainsi que dès 1991, un Programme Africain de Formation regroupant une trentaine d’animateurs africains est mis en place.

Entre 1991 et 1994, les animateurs se rencontraient pour théoriser sur la pratique en partant des expériences personnelles et institutionnelles vécues sur le terrain ; ensuite, une fois rentrés dans leurs pays, ils expérimentaient la théorie pendant des périodes dites « d’interphase ».

C’est dans cette dynamique que seront organisés les ateliers/sessions ci après :
1. Session sur « L’approche participative » à M’Mbour/Sénégal (1991) ;
2. Session sur « L’explosion urbaine » à Bingerville/Côte d’Ivoire (1991) ;
3. Session sur « Le Droit de l’Enfant au Développement » à Cotonou/Bénin (1992) ;
4. « Children’s participation in action-research »  atelier organisé à Johannesburg/RSA (1993) 1
5. Session sur « L’évaluation » à Thiès/Sénégal (1993)
6. « Children and urban crisis, options for the future » 2 session organisée à Maputo/Mozambique (1993) ;
7. Session sur « L’écoute » à Bouaké/Côte d’Ivoire (1994);
8. « Deconstructing development: children, the urban poor and resource management » (5), session tenue à Windhoek/Namibie (1994);

En 1995, un ouvrage publié par Enda Dakar 3, fait l’inventaire des contenus méthodologiques expérimentés totalement ou partiellement par les animateurs et animatrices africains et les enfants et jeunes en situation difficile.
Suivra une période où les animateurs et animatrices évolueront en maintenant un flux minimum d’échanges.

En janvier 1993, Action Jeunesse & Environnement sensibilise Asmae qui va être le premier partenaire européen à faire sienne la méthode de la RAP. C’est à travers leur partenariat qu’ils vont organiser les sessions de formation RAP dans différents pays comme en Egypte (1995), à Madagascar (1995), à Djibouti (1996-1997), au Cameroun en 1997, en Roumanie (1998).  Fort de cette expérience, ils publient la première édition du guide méthodologique « Je participe, tu facilites » en 2003. D’autres sessions vont suivre comme au Maroc (2007-2008) et au Congo RDC en 2010 avec le Réseau Rejeer.

En 2007, grâce à une opportunité de financement du bailleur Save the Children Suède (SCS), un noyau d’animateurs, animer par Action jeunesse & Environnement et Graines-Quartier du Monde (Sénégal), va raviver cette dynamique de mise en commun et de capitalisation des pratiques. L’idée va même aller plus loin : rédiger un autre guide méthodologique qui soit une référence pour tous les utilisateurs présents et à venir de la méthode RAP.
Le questionnement tourne autour des aspects ci après :
• où en est-on avec la méthodologie RAP ?
• qu’est-il advenu de la pratique de la RAP ?
• qu’est ce qui a été réalisé sur le terrain ?
• quels résultats ont été enregistrés pour les enfants/jeunes ?

Des ateliers ont été organisées par l’équipe en charge de l’activité :
1. Auberge Coumbassou, Dakar/Sénégal (2007) : Atelier de lancement et sur le recueil des pratiques ;
2. Grand Bassam, Côte d’Ivoire 2007 : Partage des pratiques méthodologiques des animateurs ;
3. Grand Bassam, Côte d’Ivoire 2008 : Définition des étapes jusqu’à la formulation de l’action, suivi de l’action menée jusqu’à l’auto évaluation » ;
5. Dakar (Sénégal) : Lancement du Réseau RAP qui regroupe tous les praticiens de la RAP en 2010 et lancement du site Internet www.reseaurap.org

Les étapes suivantes seront la mise en route du nouveau guide méthodologique qui reprend l’édition de 2003 complété par le travail réalisé à Grand-Bassam en 2007, illustré par des fiches techniques permettant une meilleur animation de la méthode de la Recherche Action Participative.

En 2012, la deuxième version du guide méthodologique, Je participe, tu facilites voit le jour. Il est financé par Asmae et la Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique).

 Géry de Broqueville

  1. In « Je participe, tu facilites ! Guide méthodologique pour enfants et animateurs », Action Jeunesse et Environnement, Edition AJE-ASMAE 2003, page 7 et suivantes. ↩︎
  2. « La participation des enfants en recherche-action »; ↩︎
  3. Voir l’ouvrage collectif : « Enfants en Recherche Action. Une alternative africaine d’animation urbaine » Enda-Editions, Dakar, 1995 p.101. ↩︎